Depuis quelques années, quand on interroge des enfants sur le métier qu’ils veulent faire plus tard, un tiers répond de manière surprenante.
Ils répondent : «Youtubeur!».
Une étude de 2019 lancée par la marque Lego a démontré que les jeunes Américains et Anglais ont répondu à 30% qu’ils rêveraient d’être vlogueurs ou youtubeurs. Et seulement 11% imaginent devenir astronaute.
Cette étude illustre la place prise par YouTube dans nos vies. Elle remplace peu à peu la télévision et attire toujours plus de regards sur sa plateforme.
Comme les enfants, on veut faire ce que l’on voit. Je ne crois pas que cela change avec l’âge adulte. 99% de mon temps passé sur internet est sur YouTube. Il était logique que je me lance dessus lorsque j’ai voulu me lancer dans une activité web.
Lorsqu’une entorse du genou droit m’a bloqué à la maison sans pouvoir aller travailler (je ne pouvais plus marcher sans béquille, un mode de déplacement incompatible avec mon emploi de technicien audiovisuel), je me suis mis à créer des tutoriels et à les diffuser sur YouTube, la plus grande plateforme de partage de vidéos.
Il est très simple de créer une chaîne et de poster des vidéos dessus.
Par contre, réaliser les vidéos est plus compliqué…
Pour mon premier tutoriel, je n’ai pas réussi à séparer l’enregistrement de ma voix du son de l’ordinateur… Ce qui fait que l’on entend mes respirations lors des extraits audio qui servent d’exemple. Pas top. Surtout pour quelqu’un comme moi qui a été formé au multimédia et au traitement audio !
Pourtant, malgré cette erreur, la vidéo a été vue par près de 1000 spectateurs au bout de quelques semaines.
Ça m’a motivé et j’ai essayé tant bien que mal de sortir une vidéo tutoriel par semaine.
J’ai alors fait rapidement face à un problème.
Créer des vidéos me prenait beaucoup de temps. Du temps rogné sur ma pratique à la source des tutoriels.
Je faisais beaucoup de beatmaking et je voulais partager mes découvertes à ce sujet. Mais faire les vidéos me détournait de faire de la musique. Il y avait certaines semaines où je ne faisais que travailler sur la vidéo, sans avoir eu de temps pour pratiquer le beatmaking.
C’était déséquilibré. Plus je créais de vidéo, moins je créais de musique…
La pression pour faire des vues, devenue gage de qualité d’une vidéo, empêche souvent de développer des projets en dehors de la chaîne YouTube.
Faire des vues devient une pression importante de son quotidien. Même si ce n’est pas une activité rémunérée, on sait que le nombre de vues impact sa visibilité et ses potentiels futurs revenus.
Surtout qu’on a sous les yeux les exemples des gros créateurs comme Nota Bene, Joueur du grenier, Amixem et d’autres. Leur chaîne est quasiment leur entreprise. Ils ont réussi à développer une activité sur la plateforme et produisent avec de gros moyens et de grosses équipes.
Lorsqu’on débute tout seul dans sa chambre, difficile de régater. On le sait bien, mais leurs contenus sont à un clique des nôtres…
6 mois après avoir commencé, la création de tutoriels est devenue plus difficile. J’avais du mal à trouver le temps pour les enregistrements. J’ai sorti beaucoup moins de vidéos et la chaîne a stagné longtemps à 800 abonnés.
Après 2 ans à sortir quelques vidéos de temps en temps, j’ai mis la chaîne de côté.
J’ai réalisé que je ne voulais pas devenir un youtubeur au sens classique du terme. Je voulais continuer mes activités, mais avec une partie YouTube.
YouTube ne devait pas être l’activité centrale. Cela ne devait pas être une fin en soi.
C’est pourquoi je voulais changer de méthode.
Pour réussir à faire des vidéos de bonne qualité, mais en y passant moins de temps.
Le formateur en ligne Antoine BM est un modèle du genre. Avec des vidéos avec un fonds travaillé et un visuel simple, Il se veut l’anti MrBeast. Moins de moyens de production, moins de montages saccadés, mais un fond utile et intéressant. Ses vidéos transmettent des méthodes et des philosophies sans tout le catalogue d’artifices devenu standard sur YouTube (gros concepts, fonds colorés avec projecteur LED, micro de podcast visible dans le cadre, changement de plan toutes les 2 secondes…).
Je ne dis pas que c’est des mauvaises choses. Et si votre truc c’est la production vidéo, lancez-vous avec tous les moyens de production existants.
Mais, pour un créateur solo qui veut que YouTube soit une pièce du puzzle (et pas la seule activité), choisir une voie avec plus de simplicité pourrait être mieux vécue.
Il existe d’autres exemples qui ont bien marché.
L’auteur de roman fantastique Brandon Sanderson a développé une chaîne YouTube avec 3 types de contenus :
- les updates de l’avancement de ses livres.
- Des vidéos « fun » abordant des thèmes populaires comme des films (mes films Star Wars préférés, mon avis sur le dernier jeu vidéo à la mode…)
- Des tutoriels/cours vidéos sur l’écriture de fiction
Un trio qui permet de créer un lien avec ses lecteurs.
Faire ses vidéos ne semble pas empêcher l’auteur d’écrire. Il a déjà sorti plus de 40 livres, incluant des romans, des nouvelles et des anthologies. Sa bibliographie comprend des séries célèbres telles que Fils-des-Brumes et Les Archives de Roshar, ainsi que des œuvres uniques comme Elantris et Warbreaker. En plus de ses romans, il a également écrit des nouvelles et des livres pour jeunes adultes, ce qui contribue à son impressionnante production littéraire.
Ces 2 exemples m’inspirent.
J’ai donc repris mon idée initiale: faire des vidéos pour partager mes idées et mes découvertes avec une communauté, pas pour devenir Youtubeur !
Sources :
– https://syfantasy.fr/dossiers/le-cosmere-brandon-sanderson-guide-de-lecture/